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Chant d'hiver
Chez moi, les radiateurs sont un peu Lautréamont, ils produisent des sons hachés, sombres, inquiétants ; un chant violent et torturé de tuyauterie grognante. Ils résonnent, se répondent, voix de métal et d'eau chaude qui, comme les chiens, éprouvent le besoin de l'infini.
Décembre 2009
Une histoire de contraintes
- Anissa -
Voici les mots, dans l'ordre dans lesquels ils apparaissent.
revue de presse
petite grosse
hégémonie
antenne mystère
vacances
veston de cuir
accalmie
boîte rose
chemise rayée verticalement
rétention d’eau
perle
retraité
berlingots
guitariste
DOM-TOM
librairies
esprit
relations
nourriture
frangipane
rires
odeur
air béat
descendre en flammes
orage
savon
Bourgogne
Mark, assis sur le rebord du petit parc entourant sa cité HLM, observait avec curiosité ce qui se passait. Ou il vérifiait plutôt si ce qui était raconté dans la revue de presse de Télématin était vrai et s’il n’y avait que des racailles dans les résidences comme la sienne. Une petite grosse avec un haut bien trop serré pour elle revenait du kebab d’en face, prouvant ainsi l’hégémonie de ce boui-boui en ce qui concernait les lieux de restauration. William Lemergie avait donc raison au moins sur ce point-là…
Un vieux nourrissait des pigeons, il avait un machin bizarre qui dépassait de sa manche ; une sorte d’antenne mystère, verte, qui lui permettait sûrement de capter les dernières nouvelles sur Maghreb-France, ou sur n’importe quelle station radio d’ailleurs… Le vieil homme glissa soudainement sur un prospectus proposant des vacances à bas prix, rendant ainsi son veston de cuir (pourri et rapiécé) couvert de sable. Était-ce une coïncidence avec le prospectus qui l’avait fait tombé ? Les pigeons étant partis, le bonhomme profita de cette accalmie pour sortir une boîte rose fushia en plastique de sa poche et y saisit du tabac qu’il se mit à chiquer. Encore un cliché vérifié sur les vieux Maghrébins…
Mark recentra son attention sur l’obèse de tout à l’heure, celle avec sa chemise rayée verticalement de deux tailles trop petites et sur laquelle trônait une magnifique tâche d’huile. Agacé de voir que Willy et ses acolytes avaient raison, il essaya de trouver des excuses, des prétextes pour tenter de faire échapper aux clichés de l’habituelle populace des cités les gens qu’il observait. Peut-être que la grosse n’était pas seulement grasse à cause de ses repas déséquilibrés, mais peut-être était-elle ménopausée, d’où sa rétention d’eau, d’où son gonflement et sa taille anormalement large… Peut-être avait-elle été une perle de beauté, qui sait ? Voilà les ravages de l’âge sur les braves gens… Quant au vieux retraité, peut-être qu’il n’écoutait pas les dernières tendances à la mode au Maroc mais peut-être suivait-il le résultat des courses, dans l’espoir de gagner des sous et d’offrir des berlingots et autres sucreries à ses petits-enfants ?
Concernant lui-même, il ne savait pas où se classer. Était-il un jeune sans avenir comme Télamatin avait dit ? Mark aurait bien voulu être guitariste, mais cela se limitait aux rêves d’un gosse… Il avait aussi envisagé de travailler dans les DOM-TOM pour avoir du soleil (et des nanas). Mais bon, en échec scolaire et sans aucun diplôme, ce serait bien difficile. Les librairies lui embrouillaient l’esprit : trop de livres, du blabla et pas assez de concret. Sans études, pour avoir un bon job, il lui faudrait alors chercher dans ses relations, pour être pistonné. Malheureusement, ce n’était sûrement pas Mouloud, Farid ou Ismaël qui allait l’aider de ce côté-ci.
Alors il devait se trouver une meuf. Une qui aurait de l’éducation, de l’avenir pour pouvoir squatter chez elle. Ce serait un peu dégueulasse mais bon… Il squatterait jusqu’à ce qu’il eut un boulot puis il lui rembourserait tout, la nourriture, les fringues etc… Et même que, si elle était sympa, il irait jusqu’à l’épouser ! Mark voyait déjà la scène : tous les deux, en Janvier (pour pas que le gosse qui serait conçu après la demande naquit trop tard, qu’il perdit une année et que ça fit trop de paperasse) en train de manger de la galette à la frangipane et hop ! La fève (c’était elle qui la trouverait bien sûr) serait une bague et à la suite, il entendrait son « oui » dissimulé derrière des petits rires…
Mark sortit de sa rêverie en reconnaissant une odeur familière, celle de Sandra, sa copine du moment qui pourrait s’avérer être plus tard la femme de son imagination. L’air béat, il était tellement absorbé par la contemplation de la jeune femme, ou plutôt de son décolleté avantageux, qu’il ne remarqua même pas qu’elle était en train de le descendre en flammes auprès d’une de ses amies surmaquillées.
Un orage éclata haut dans le ciel, recouvrant ainsi tout ce petit monde de gouttes d’eau gelées. L’amie surmaquillée de Sandra clama que cette pluie « faisait chier » et qu’elle allait prendre un bon bain chaud avec son savon Chanel contrefait. À l’abri dans un hall d’immeuble, Mark se dit que Télématin racontait peut-être la vérité sur les vieux et les kebabs, mais pas sur les jeunes. « Les jeunes n’ont pas la volonté d’avancer dans la vie », c’était que des foutaises. Mark, lui, avait un projet. Sûrement pas le meilleur qui fût, mais il ferait tout pour sortir de la misère dans laquelle il était et « avancer dans la vie ».
Alors William Lemergie n’avait qu’à bien se tenir et faire comme son confrère Pernault et raconter des inepties inutiles sur les recoins de la Bourgogne et la fête du bolet au lieu de dire n’importe quoi sur les banlieusards. Ces gens-là ne savaient même pas comment c’était, et ils se permettaient de critiquer ! Fier de sa réflexion, Mark tourna les talons, prit l’ascenseur, ouvrit la porte de son appartement et y entra.
Guranna Anissa
Décembre 2008
Et voilà ! Les mêmes mots dans le même ordre mais une histoire fort différente.
Averse bruissante, choc des élégantes, folâtres gouttes. Humide immersion, jungle khmère : la moiteuur nous opresse presque. Qui reste sec ? Ted, un véritable westernien, xénophobe yankee, zigzague. Yep !
Xylophoniste wagnerienne, volant uniformément, traçant sa route quelque part, obscursissant nos météos, la kafkaïenne judas imbibe habilement groupes, foules, et dissout charivaris. Bienfaisante averse.
novembre 2008
(revu en juin 2010)
Ce texte est un double abécédaire.
Le site vu par Wordle.net. Mois après mois nous verrons comment il évolue !
En ce moment chaleur, entorse et révisions du bac se combinent pour me pourrir la vie.
Mais pas d'inquiétude, même si pour l'instant je poste surtout des travaux un peu anciens, dès juillet je m'y mettrai plus sérieusement. Je ne désespère pas d'un jour pouvoir vous faire lire mon roman, le début tout du moins. Sa rédaction n'est même pas encore terminée, mais je connais déjà les grandes lignes jusqu'à la fin.
En bref, bla bla pour ne pas dire grand-chose, sinon à bientôt !