Curaçao, le souriceau qui poaime


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l'avocat


Posté le 10/03/11 dans Textes - Pastiches

L'avocat vu à la manière de Francis Ponge, poète génial. Un exercice réalisé dans le cadre de mon cour d'écriture créatrice avec la non moins géniale Dominique Barberis.

 

Lavocat

(variété hass)

 

Posé au creux de la paume, le poids de l’avocat étonne.  La fraîcheur et la rugosité de sa peau font penser à un crapaud sorti de la rivière par une main importune. Si l’avocat partage avec l’aubergine la rondeur du nom et de la forme ainsi que la carnation violette, pour le reste l’aubergine est aussi lisse et brillante que l’avocat est pustuleux et mat.

L’avocat tranché surprend par sa chair que l’épiderme ne cache plus. D’un vert vif sur les bords, elle s’éclaircit à l’approche du noyau jusqu’à devenir d’un vert blanchâtre. Elle est parfois déparée d’un hématome gris, résultat d’un accident de parcours depuis le pays d’origine du fruit. Balloté depuis le Chili, le Mexique ou Israël, l’avocat n’en est pas ressorti indemne et sa chair meurtrie est la preuve de son long voyage.

 Au centre, l’avocat révèle un noyau ovoïde, lisse et compact, solidaire de la chair qui l’enchâsse mais glissant une fois qu’il en est détaché. De la couleur du bois, il en arbore aussi les nœuds sur sa surface vernie et laisse derrière lui une cavité qui invite à être creusée.

La cuillère donc plonge dans la chair luisante jusqu’à racler la peau dans un son mélodieux à l’oreille de l’avocavore éclairé. La chair, si elle est bien mûre, fond alors sur la langue, onctueuse et grasse. Dès la première bouchée, la saveur de l’avocat envahit toute la bouche et c’est comme manger l’odeur de l’herbe fraîchement coupée. C’est un goût vert et frais.

Il ne reste que la peau, toujours en forme de demi-avocat mais allégée et cassante désormais. En vain, la cuillère cherche encore à grappiller quelque ultime particule sapide et, à force de la heurter, brise la coque vide.

Heureusement, il reste à déguster la deuxième moitié.  

 

Falzon Béline

avril 2011

 


Le 11/03/11, Pernelle dit :

Joli texte ! Et tu sais mon amour pour les avocats depuis ma grossesse.

Le 11/03/11, Melhyrïa dit :

Merci !
Tu es sans doute la plus à même d'apprécier ce texte.

Le 13/03/11, Margot dit :

C'est vrai qu'il est rudement bien ton texte ! Mais j'exige des droits d'auteur pour l'odeur de l'herbe fraîche >< Non je plaisante ! Et puis grâce à ça j'ai changé ma "crème d'herbe fraîche" en "crème chlorophyllée" qui m'a valu quelques éloges ^^ (Si quelqu'un d'autre lit ce message il pensera à un code secret entre dealers...)

Le 14/03/11, Melhyrïa dit :

Margot > j'ai bien aimé moi-même la crème chlorophyllée… Si un jour ce texte finit dans le super recueil Barberien, je ne manquerai pas de rajouter "à Margot" au début XD

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